Un vote Vert du Maroc à l'OMI : les enjeux et conséquences

Marine Marchande
Typography

Alors que l’Organisation maritime internationale (OMI) s’apprête à voter une réglementation historique sur la neutralité carbone du transport maritime, tous les regards se tournent vers le Maroc.

Le Royaume, qui multiplie les initiatives en faveur du développement durable, se retrouve au cœur d’un dilemme : comment concilier ses ambitions climatiques avec les contraintes de compétitivité économique et diplomatique ?

L’enjeu du vote du 17 octobre 2025 dépasse la sphère environnementale. Il s’agit d’une refondation de la gouvernance du commerce maritime mondial. La tarification carbone envisagée par l’OMI (380 dollars par tonne de CO₂ émise, avec une seconde pénalité de 100 dollars pour non-conformité) représente un tournant majeur pour les compagnies maritimes et les ports. Les fonds collectés serviraient à financer la production de carburants verts et à soutenir les pays en développement dans leur adaptation.

Pour le Maroc, cette mesure pourrait être une opportunité : moderniser ses infrastructures portuaires, développer la production d’hydrogène vert, et consolider sa position dans les flux commerciaux africains et européens. Mais le coût d’adaptation, lui, reste significatif, surtout pour une flotte encore dépendante des carburants fossiles.

Un positionnement scruté à l’international

Les analystes s’interrogent : Rabat choisira-t-il de voter pour, s’alignant ainsi sur ses partenaires européens et sur sa propre stratégie climatique, ou adoptera-t-il une posture d’attente ?

Une abstention pourrait être perçue comme un manque de cohérence vis-à-vis de la vision du Royaume de durabilité et d’intégration régionale, tandis qu’un vote favorable consoliderait la crédibilité du Maroc en tant que leader africain de la transition énergétique.

Les conséquences diplomatiques et économiques d’une non-adhésion seraient lourdes : perte d’accès à certains financements verts, frein à l’attractivité des ports marocains et possible désalignement avec les standards internationaux.

Ce scrutin intervient dans un contexte où le Maroc s’impose déjà comme l’un des rares pays africains à disposer d’une stratégie énergétique intégrée — hydrogène vert, économie bleue, gaz naturel, énergies renouvelables. Son positionnement au sein du vote de l’OMI devrait logiquement s’inscrire dans cette trajectoire.

Au-delà du symbole, un vote favorable permettrait d’ancrer le Royaume dans la dynamique mondiale des énergies propres, de valoriser ses investissements récents dans les infrastructures portuaires et de renforcer son rôle de pont entre l’Afrique et l’Europe.

Pour réagir à ce post merci de vous connecter ou s'inscrire si vous n'avez pas encore de compte.