Décarbonation du transport maritime : le vote du Maroc à l'OMI sur la nouvelle réglementation Net Zéro Framework très scruté par ses partenaires

Marine Marchande
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Le Maroc s’apprête à se positionner sur un vote décisif à l’Organisation maritime internationale (OMI) ce vendredi 17 octobre 2025.

 

Réunis à Londres, les 175 États membres du Comité de protection du milieu marin (MEPC) devront trancher sur l’adoption d’une réglementation mondiale engageant le transport maritime vers la neutralité carbone d’ici 2050.

Pour le Royaume, engagé dans une stratégie énergétique et climatique ambitieuse, l’attente est palpable : votera-t-il pour ce cadre historique, ou choisira-t-il la voie de la réserve diplomatique ?

Le projet de l’OMI repose sur deux piliers : un mécanisme mondial de tarification du carbone maritime et un ensemble de normes contraignantes sur l’intensité carbone des carburants. Ensemble, ces dispositifs pourraient générer plus de 11 milliards de dollars par an pour financer la transition énergétique du secteur. Les pays en développement, dont le Maroc, figurent parmi les principaux bénéficiaires potentiels de ce Fonds mondial pour la transition maritime.

Mais au-delà du financement, c’est la compétitivité des ports et des flottes qui est en jeu. Les terminaux capables de fournir des carburants verts — hydrogène, méthanol, e-fuels — deviendront les pivots d’un nouveau commerce maritime bas-carbone. Dans cette configuration, un vote favorable pourrait propulser le Maroc parmi les hubs énergétiques du futur. À l’inverse, une abstention ou un vote négatif risquerait de compromettre sa stratégie d’intégration dans la chaîne mondiale de valeur énergétique.

Entre conviction écologique et réalités de terrain

Le Maroc, pionnier africain en matière d’énergies renouvelables, a multiplié ces dernières années les chantiers d’envergure : feuille de route de l’hydrogène vert, projets solaires et éoliens de classe mondiale, stratégie nationale pour le gaz naturel et vision « économie bleue ». Son positionnement à l’OMI est donc scruté avec attention, notamment par ses partenaires européens, favorables à la tarification carbone.

Cependant, plusieurs observateurs soulignent la prudence marocaine. Rabat cherche un équilibre entre ses engagements environnementaux et les implications économiques d’une telle décision, notamment sur le coût du transport maritime et la compétitivité de ses exportations.

Un test de leadership pour le Maroc

Au sein de l’OMI, le Royaume s’est toujours présenté comme un acteur de consensus et un défenseur du multilatéralisme. Le vote du 17 octobre représente donc un test de leadership : affirmer son engagement pour un commerce maritime durable, sans compromettre ses intérêts économiques.

Quelle que soit sa décision, celle-ci enverra un signal fort — soit celui d’un Maroc moteur de la transition énergétique maritime, soit celui d’un pays temporisant dans un contexte mondial de forte recomposition.

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