Le premier navire bitumier du Maroc pour BITUMA

Marine Marchande
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Bituma mise gros! L’entreprise de BTP, filiale de Delta holding, vient d’acquérir le premier navire spécialisé dans le transport du bitume. Un navire de fabrication japonaise, mesurant plus de 100 mètres et d’une capacité de 4.784 tonnes. Le bitumier, dont l’investissement a coûté 100 millions de DH, est doté de tous les équipements nécessaires pour transporter le bitume.

Loin d’être un caprice, l’acquisition d’un tel navire a pour objectif de sécuriser l’approvisionnement du Maroc de cette importante matière qu’est le bitume qui a été marqué par de sérieuses tensions ces dernières années.

Il faut savoir qu’en raison de ses nombreux projets d’infrastructures, les besoins du Maroc sont croissants. En effet, la consommation de bitume a atteint près de 290.000 tonnes en 2008, avant de passer à 320.000 tonnes en 2009. D’ici fin 2010, le seuil des 360.000 tonnes sera allégrement franchi. Et d’ici 2015, avec l’accélération du rythme des chantiers, les besoins en bitume dépasseront les 440.000 tonnes.

Or, la capacité de production de la Samir s’élève actuellement à 25.000 tonnes par mois, soit 300.000 tonnes par an. Mais cette production ne couvre pas la totalité des besoins, tous produits confondus (différentes qualités de bitume). Par conséquent, le Maroc a été obligé de se tourner vers les marchés internationaux pour importer, entre 40.000 et 80.000 tonnes de bitume routier par an.

Or, à l’image du pétrole, les cours du bitume connaissent parfois d’importantes variations. Mais les fluctuations du prix du bitume sur les marchés internationaux ne sont pas le seul problème. Encore faut-il trouver un navire pour le transporter. «L’acquisition d’un bitumier permettra à la société de ne plus dépendre des navires étrangers», explique Abdelaziz Dahbi, DG de Bituma.

Les bitumiers sont des navires spéciaux. En effet, bien qu’il soit un produit dérivé du pétrole, le bitume doit être maintenu à une température de 150 à 160 degrés depuis la raffinerie jusqu’au chantier où il sera utilisé. Par conséquent, les chaudières à l’intérieur de ces navires doivent fonctionner sans arrêt afin de ne pas rompre la «chaîne de chaleur». De plus, pour prévenir toutes sortes de risque, le bitumier doit obéir à des normes de sécurité des plus rigoureuses. L’équipage est composé de 16 personnes. Des officiers et des matelots chargés d’assurer la maintenance quotidienne du navire.

Sur un tout autre chapitre, Bituma vient de créer une filiale, Bitucab, dédiée à la gestion du navire. «Un bitumier est comme un avion. Etant donné le poids des frais fixes, il doit naviguer tous les jours sans arrêt», précise Dahbi. Autre contrainte qui se dresse devant un tel investissement, la disponibilité du bitume sur les marchés internationaux. Mais grâce à son navire, Bituma sera en meilleure position pour s’approvisionner auprès des pays où le bitume sera le moins cher. Les cours n’étant pas maîtrisables, l’opérateur pourra toujours réduire de moitié ses frais de shipping. Ce qui se répercutera forcément sur le prix final.

L’acquisition du bitumier nécessite tout un dispositif d’accompagnement. «Nous avons dû mettre en place un réseau interne de terminaux pour pouvoir stocker le bitume et le rapprocher des utilisateurs», signale le patron de Bituma. Ainsi, l’opérateur dispose actuellement de deux terminaux à Nador, un à Aïn Atiq, un au port de Mohammédia et un autre à Agadir. Soit un total de 44.000 tonnes.