Le secteur du transport maritime, a toujours constitué pour le Royaume un enjeu majeur non seulement à cause de sa position géographique stratégique sur les plus importantes routes maritimes du commerce mondial, mais également vue la nécessité pour lui de disposer d’une flotte marchande propre qui lui permette de couvrir une partie de son commerce extérieur qui se réalise à plus de 95% par voie maritime.
Durant les années 70-80, sous l’impulsion de Feu HASSAN II, le Maroc a entrepris une politique ambitieuse de modernisation et de développement de sa flotte marchande, ainsi il disposait de 66 navires (vraquiers, pétroliers, chimiquiers, conteneurs, passagers, RORO) pour une capacité de port en lourd de 660.000 Tonnes. Cette politique, avait permis de couvrir la facture du fret à hauteur de 25% et créé plus de 5000 emplois directs. Le Maroc a pu alors se prévaloir de titre de Nation Maritime de part la compétence de ses ressources humaines et l’importance de sa flotte.
A cause d’une conjoncture économique défavorable au transport maritime international au niveau mondial durant les années 90 et le vieillissement de la flotte nationale, l’armement marocain subit une profonde restructuration (réduction des effectifs et de la flotte) principalement des compagnies maritimes publiques (COMANAV ET MARPHOCEAN). Cette restructuration, ne s’accompagne guère de mesure de mises à niveau de ses entreprises qui continueront à connaitre une situation déficitaire.
Le Ministère de l’Equipement et du Transport décide en 2005, de commanditer une Etude Stratégique et Institutionnelle pour la réforme du Secteur du Transport Maritime. Une nouvelle politique est alors adoptée et se définie deux objectifs majeurs:
ü Mettre en place un secteur du transport maritime, à faible coût, pérenne, au profit de l’économie du pays
ü Mettre à niveau la compétitivité des operateurs marocains pour leur permettre de prospérer dans un marché compétitif
Un ensemble de mesures ont été identifiés pour mettre à niveau le pavillon marocain et relever sa compétitivité surtout au niveau fiscal. Une refonte du cadre législatif a également été lancée principalement l’adoption d’un nouveau code du commerce maritime en remplacement de celui en vigueur et qui date de 1919.
Bilan :
En 2007, le Maroc libéralise son trafic maritime à l’ensemble des compagnies maritimes installées au Maroc ou pas (open sea). Cette libéralisation n’inclut aucune réciprocité pour le pavillon national dans les pays dont les flottes pourront opérer librement au Maroc.
Les armateurs privés marocains principalement les Groupes IMTC et COMARIT réalisent de 2007-2010 des investissements de l’ordre de 5 Milliards de DHS pour le renouvellement et la modernisation de leur flotte.
Malheureusement, la politique gouvernementale n’accompagne pas cet effort d’investissement par la mise en place des mesures pour améliorer la compétitivité du pavillon national comme prévu, le code du commerce maritime n’est pas non plus refondu, alors que la concurrence de plus en plus rude des flottes de pavillon de complaisance comme le PANAMA ou du LIBERIA diminue la part de Marché des opérateurs nationaux.
Ainsi, le chiffre d’affaires des armateurs marocains s’est inscrit en net de recul de -25% entre 2009 et 2010 avec un C.A de 3,5 Milliards de DHS, alors que le chiffres d’affaires réalisés par les armateurs étrangers s’est inscrit lui en nette hausse de +16,4% à plus de 14,66 Milliards de DHS.
Force est de constater aujourd’hui, que la nouvelle politique du secteur du transport maritime n’a pas atteint ses objectifs au regard des chiffres (voir tableau ci-dessous), le coût du fret maritime est resté stable soit par rapport à la facture des échanges extérieurs ou par rapport au PIB pour en déduire que la libéralisation, ne peut à elle seule assurer la compétitivité du secteur du transport maritime dominée au niveau mondial par de grands Majors, l’existence d’operateurs nationaux constitue la seule garantie pour produire la concurrence nécessaire à la baisse des taux de fret.
TABLEAU SYNTHETIQUE DES INDICATEURS CLES DU TRANSPORT MARITIME DEPUIS 2007-2010
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ANNEE |
FACTURE DU FRET MARITIME (En Millions de DHS)) |
COUT DU FRET PAR TONNE TRANSPORTEE (Dhs/T) |
FACTURE DU FRET/FACTURE DES ECHANGES EXTERIEURS |
FACTURE DU FRET/PIB |
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2007 |
16.861 |
257,72 |
4,39% |
2,7% |
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2008 |
17.350 |
287,42 |
3,6% |
2,5% |
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2009 |
17.076 |
319,51 |
4,5% |
2,31% |
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2010 |
18.205 |
285,4 |
4,1% |
2,33% |
Points importants :
La fiscalité du secteur du transport maritime repose uniquement sur l’activité des armateurs marocains, alors que les compagnies étrangères qui réalisent l’essentiel du chiffre d’affaires sont totalement exonérées
10150 US $, c’est le montant que paie annuellement un armateur au LIBERIA au titre de la charge fiscale annuelle pour un navire de 20.000 T
Le secteur du transport maritime, a toujours constitué pour le Royaume un enjeu majeur non seulement à cause de sa position géographique stratégique sur les plus importantes routes maritimes du commerce mondial, mais également vue la nécessité pour lui de disposer d’une flotte marchande propre qui lui permette de couvrir une partie de son commerce extérieur qui se réalise à plus de 95% par voie maritime.