Les chargeurs et les transitaires européens ont une fois de plus alerté la Commission européenne sur les pratiques actuelles des transporteurs maritimes de ligne alors que les chaînes d'approvisionnement européennes sont de plus en plus faussées. Les associations rencontreront la Commission au début de l'année prochaine afin de démontrer encore une fois les dommages que le comportement des transporteurs cause à la croissance du commerce en période de récession économique.
Dans une lettre conjointe adressée à la direction de la concurrence de la Commission européenne, l'Association des transitaires européens (CLECAT) et le Conseil des chargeurs européens (ESC) ont informé la Commission des problèmes découlant des pratiques actuelles des transporteurs. Celles-ci concernent la violation des contrats existants, l'établissement de conditions déraisonnables concernant l'acceptation des réservations et la fixation unilatérale de tarifs bien supérieurs à ceux convenus dans les contrats.
Cette situation affecte particulièrement les petites entreprises européennes dont les réserves financières sont limitées. Un exemple révélateur est celui d'une entreprise française produisant des vélos électriques qui risque de faire faillite car elle ne reçoit pas de pièces détachées en provenance d'Asie. En raison des retards et du manque d'espace, combinés à la hausse des tarifs, cette jeune entreprise enregistre des pertes et pourrait ne pas survivre dans un avenir proche, car elle n'est pas en mesure de terminer ses produits pour la vente. Les conséquences négatives des pratiques des transporteurs sont ressenties de la même manière par de nombreuses grandes entreprises, notamment dans les secteurs de la vente au détail, de la mode, de l'automobile, des cosmétiques et de l'informatique.
Les transporteurs se réservent la possibilité de modifier leurs tarifs quand ils le jugent nécessaire, nonobstant les tarifs et frais spécifiques convenus. Les transporteurs continuent de majorer leurs tarifs par des suppléments, des augmentations générales des tarifs, etc. De même, les expéditeurs et les transitaires sont confrontés à des refus de réservation et à des cargaisons roulantes si les transporteurs estiment qu'il est plus rentable d'accepter des cargaisons mieux cotées pour un voyage particulier. Les pratiques inacceptables consistent également à imposer une surcharge comme prix d'acceptation du fret à un nouveau tarif, à refuser purement et simplement des réservations pour les clients, à forcer un client ayant des tarifs contractuels à le faire passer à des tarifs au comptant à un prix beaucoup plus élevé. Par exemple, le jour de Noël, l'indice des transports maritimes de Shanghai a atteint un nouveau record de 2641,87 USD par EVP.
La perturbation de la chaîne d'approvisionnement due au nombre sans précédent de traversées à vide (jusqu'à 30 % sur certains trafics), combinée au manque de fiabilité (avec seulement 50 % des navires à l'heure au cours de l'année dernière), a entraîné la pénurie actuelle de conteneurs vides. Les transporteurs essaient de renvoyer les conteneurs en Chine le plus rapidement possible, simplement parce qu'il y a un besoin et que les profits sont extrêmement intéressants. Mais cela a entre-temps entraîné un effet domino dans la mesure où il y a une pénurie générale d'équipements pour les exportations européennes. En conséquence, les transitaires et les chargeurs sont désormais confrontés à toutes sortes de nouvelles surtaxes, telles que les "surtaxes pour déséquilibre d'équipement" imposées par les transporteurs. Si les transporteurs décident de renvoyer des conteneurs vides en Chine pour des raisons commerciales, est-il justifié de mettre en place une "surcharge pour déséquilibre d'équipement" ?
L'année dernière, les chargeurs, les transitaires, les opérateurs de terminaux et d'autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement maritime ont exprimé leur mécontentement face à la décision de la Commission européenne d'étendre une fois de plus le règlement d'exemption par catégorie pour le transport maritime de ligne, qu'elle considérait comme un exercice unilatéral au profit des transporteurs. Les accords de consortium autorisent les transporteurs à s'entendre collectivement sur des traversées à blanc. La pénurie actuelle de capacités a permis aux transporteurs d'augmenter sensiblement les tarifs sur le marché spot et pour les cargaisons sous contrat. Les pratiques déraisonnables des transporteurs concernant l'équipement des conteneurs, les tarifs et les frais de surestarie et de détention présentent un risque sérieux pour la capacité de reprise économique en Europe.
L'ESC et la CLECAT, dont les membres ont été particulièrement touchés par les changements unilatéraux des tarifs et des services des transporteurs, encouragent la Commission européenne à prendre des mesures similaires à celles des autorités compétentes dans d'autres parties du monde.
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